Nous avons peu de temps pour un sujet vital aussi je vais énoncer quatre constats et les illustrer en 10 minutes, pour laisser la place à l’échange.
1- La menace climatique a tellement grandie que les scientifiques du climat nous disent que notre pronostic vital est engagé. Comme un docteur qui vous prend au SAMU. Il ne reste que 2 mandats municipaux avant le déclenchement des 2°C de réchauffement. Ca urge.
2- Quand notre pronostic vital est engagé, on s’en occupe sérieusement n’est-ce pas ? Sérieusement cela veut dire qu’on ne peut pas se contenter de faire de l’écologie décorative.
3- La bonne nouvelle, c’est qu’il y a des solutions, réelles et sérieuses. Pour une raison simple, nous sommes le problème, nous sommes donc la solution.
4- Mais car il y a un mais, y arriver demande de changer radicalement nos façons de penser, de décider et d’agir. C’est ce que je vous invite à faire :
1-Notre pronostic vital est engagé. Dit en termes scientifiques, nous avons franchi le seuil des 415 ppm pour la première fois en mai dernier. Cela veut dire que nous avons enclenché les 1 ,5° de réchauffement de l’atmosphère. Les parties par million c’est comme la fièvre, nous avons 40°C de fièvre, il faut se dépêcher d’aller à l’hôpital. Mais il y a pire il ne reste que deux mandats municipaux, deux, avant de franchir le seuil des 450ppm qui déclenche les 2°C de réchauffement. Et là c’est 42°C de fièvre.
Pour le dire crûment, pensez vous pouvoir boucler vos fins de mois dans un monde dévasté par le changement climatique ? Pensez vous pouvoir garder votre niveau de vie, vos retraites dans un monde ravagé par les inondations, les sécheresses, les incendies, les ouragans ?
A l’inverse et tout aussi nettement, réduire nos émissions ne fait pas qu’écarter la menace climatique, cela donne du pouvoir d’achat, ici et maintenant ; pour une raison simple, les énergies fossiles ne sont pas gratuites.
2-Prendre la menace climatique au sérieux, cela veut dire s’attaquer aux causes : nos émissions de gaz à effet de serre. Pensez vous sérieusement pouvoir réduire vos émissions en ignorant à combien elles se montent aujourd’hui, là ou nous vivons, c’est à dire là où nous pouvons en décider ? A Jouy, notre empreinte carbone, empreinte comme un pied dans le sable et carbone comme le matériau qui fait effet de serre, c’est 180 000 TCO2e par an. La nourriture compte pour 33%, nos déplacements 30 %, nos bâtiments 19%, la production d’énergie pour 12%. Alors nous pouvons faire un diagnostic simple :
Un candidat qui ne fonde pas son programme sur l’empreinte carbone de la commune pour la réduire massivement ne prend pas la menace climatique au sérieux.
Un candidat qui ne fonde pas son programme sur l’urgence climatique ne prend pas la menace climatique au sérieux.
3-La bonne nouvelle car il y en a une, c’est qu’il y a des solutions efficaces qui créent de l’emploi et donnent du pouvoir d’achat. Ces solutions ne se trouvent évidemment pas dans les grands projets qui demandent 20 ans pour être réalisés : ils arriveront trop tard. Une tonne de CO2e une fois émise reste un siècle dans l’atmosphère ; conséquence : il nous faut faire le plus facile, le moins cher, le plus efficace d’abord.
Nous avons donc besoin de décisions faciles d’abord, de petits projets ensuite, qui économisent ou stockent du C02 : des petits projets massivement reproductibles, vite.
Nous pouvons les mener à bien, faire notre part, ici, à Jouy : 80% des émissions sont le fait de la classe moyenne et supérieure mondiale à laquelle même les plus pauvres en France appartiennent ; C’est choquant de dire ça mais c’est vrai ; nous faisons partie des 2 milliards de personnes les plus riches de la planète qui émettent 80 % des gaz à effet de serre. Evidemment plus on gagne d’argent plus on peut réduire nos émissions, seul et ensemble.
Seul et ensemble, cela demande un peu d’explications : seul, cela ne tient qu’à chacun de nous. La moitié de nos émissions peut être réduite sans rien demander à personne, dans les 4 champs d’action efficaces cités : nourriture, transports, bâtiments et production d’énergie.. Allez sur agirlocal.org vous y trouverez un numéro spécial Vivre à Jouy qui suggère des tas de solutions. Ensemble, c’est l’autre moitié des émissions. Agir ensemble, dans les mêmes 4 champs d’action, cela se comprend facilement : je ne peux pas acheter bio s’il n’y a pas de vendeur à côté de chez moi, ni covoiturer s’il n’y pas de covoitureurs aux heures où je rentre. Je ne peux pas prendre un vélo pour aller à la gare s’il n’y a pas de parcours vélo pour y aller, je ne peux pas faire venir le travail à moi s’il n’y a pas de tiers lieu, à côté de chez moi où télé-travailler 1 à 2 jours par semaine et éviter 2H de transport par jour d’utilisation.
Autrement dit, nous avons besoin de changer un peu notre territoire. Un peu car clairement, dans le temps qui reste, le neuf n’est pas un enjeu. 95 % des émissions à 10 ans d’ici seront le fait de nos territoires tels qu’ils sont aujourd’hui. Nous avons besoin de changer les productions et les consommations locales, les flux de personnes, de marchandises, de connaissances et d’argent qui entrent et sortent de notre territoire, à peu près tel qu’il est ; ce que l’on peut appeler son métabolisme. Deux exemples :
Exemple 1 : il y a 1250 ha de zone agricole à Cergy-Pontoise, une grande partie sur Jouy. 1250 ha, et 75 emplois agricoles. Si on passe à la permaculture, c’est un emploi à l’hectare, soit un millier d’emplois supplémentaires.
Exemple 2 : nous avons mené avec succès un projet de rénovation énergétique groupé au Valmoutier. Groupé pour être efficace, groupé pour ne pas se faire avoir par les marchands de soupe, groupé pour avoir plus de prestations pour moins d’argent. Il a fait la démonstration de son efficacité. Il y a 20 000 logements comme ceux là à Cergy-Pontoise, 10 millions en France.
Allez voir le kit transition sur mon site agirlocal.org ; il présente des solutions pour les projets à faire ensemble. https://www.agirlocal.org/kit-transition-locale/
4-Dernier des 4 constats, changer. Pour mettre en oeuvre ces solutions, en inventer, nous devons sortir de la routine, changer radicalement nos façons de penser, décider et agir.
a-Penser : penser émission carbone avant chaque prise de décision aussi facilement que l’on compte en euros. Qui ne pense pas euros à chaque achat, d’une voiture ou de sa chaudière ? A l’expérience, il est plus facile de compter carbone que de compter euros.
b-Décider : Ne pas décider sans se poser la question des émissions de cette décision : qu’il s’agisse d’acheter une boite de petits pois au centre commercial, de votre prochain déplacement professionnel ou du choix du prestataire des cantines.
Il y a un critère simple pour choisir entre deux investissements : la TCO2e économisée à l’euro investi. Il a une qualité, être fédérateur : parce qu’il est factuel, facile à comprendre, facile à expliquer.
c-Agir : Se pourrait-il que l’on puisse réduire nos émissions et les inégalités en gagnant du pouvoir d’achat, de l’emploi, dans une économie prospère, avoir moins, paraître moins mais vivre mieux ? La réponse est oui, en menant à bien des projets à la bonne échelle de territoire. Par exemple, la nourriture, les écomatériaux, les écoénergies poussent à la campagne et sont consommées en ville. Nous devons donc agir ensemble, PNR du Vexin et Cergy-Pontoise. Agir autrement donc, parce que nous ne nous en sortirons qu’en coopérant.
Je vous invite à aller voir le site agirlocal.org pour y trouver beaucoup d’autres solutions et apprendre à compter carbone en une page. Les travaux de plusieurs milliers d’acteurs locaux sur 15 ans y sont compilés, présentés, hiérarchisés. Reproduire ce que d’autres ont fait avec succès peut nous faire gagner ce qui manque le plus, le temps. Rien ne nous empêche d’en inventer d’autres, surtout s’ils sont plus efficaces.
Avec cette idée forte : Rien qu’en changeant un peu nos comportements, nous pouvons réduire de 10 à 20% nos émissions.
Et réduire d’un tiers nos émissions nous ferait gagner 8 à 10 ans de plus pour agir. https://www.agirlocal.org/