20220902
Solutions et politiques désirables ?
Contribution à une stratégie locale
Quel est lâenjeu de la question posĂ©e ? La mise en mouvement des acteurs locaux, citoyens entrepreneurs, professeurs, Ă©lus locaux, autant de dĂ©cideurs que nous sommes, sur nos territoires.
Pour quoi faire ? Réduire massivement nos émissions de gaz à effet de serre dans le contexte de périphéries urbaines, lesquelles sont urbaines et néo-rurales.
Avec quel moteur ? A lâexpĂ©rience de plusieurs milliers dâacteurs locaux, ces 15 derniĂšres annĂ©es, rĂ©duire son empreinte carbone crĂ©e du pouvoir dâachat, du bien-ĂȘtre, crĂ©e de lâemploi prĂšs de chez soi, rĂ©duit les inĂ©galitĂ©s et, de façon inattendue, crĂ©e une nouvelle forme de dĂ©mocratie, dans lâaction.
Le prĂ©sent texte, centrĂ© sur ce pĂ©rimĂštre territorial se place dans un premier chapitre du point de vue des acteurs locaux, dans une approche territoriale globale donc qui structure la proposition, puis se centre dans un deuxiĂšme chapitre sur lâefficacitĂ© Ă©nergĂ©tique-mobilitĂ©s-Ă©nergies ainsi intĂ©grĂ©es dans les problĂ©matiques des acteurs locaux.
Chapitre 1
Booster lâefficacitĂ© de lâaction localeÂ
Quâest-ce qui gĂ©nĂšre des Ă©missions de gaz Ă effet de serre sur un territoire ? Son mĂ©tabolisme, entendu comme les productions et les consommations locales, les flux entrants et sortants de personnes, de marchandises, de connaissances et dâargent. Dans ce mĂ©tabolisme, seules les connaissances ne sont pas directement quantifiables et traduisibles en Ă©missions de gaz Ă effet de serre.
Les donnĂ©es publiques quantifiables ne sont jamais que celles que se donnent une collectivitĂ© pour se gouverner. Le changement climatique nous prend de vitesse, ces donnĂ©es nâexistent pas toujours lĂ oĂč elles sont nĂ©cessaires. Elles existent parfois et restent inaccessibles[1].
Compter carbone pour agir : nous devons disposer dâun outil public pour connaĂźtre et rĂ©duire nos Ă©missions, lĂ oĂč nous vivons, lĂ oĂč nous pouvons en dĂ©cider.
Qui gĂ©nĂšre le mĂ©tabolisme des territoires, émetteur de gaz Ă effet de serre ? Les humains que nous sommes, acteurs locaux de ce mĂ©tabolisme. Nous sommes le problĂšme, nous sommes donc la solution. Encore faut-il passer Ă lâaction efficacement, dans le temps qui reste avant le dĂ©clenchement des 2°C de rĂ©chauffement.
Pour agir local efficacement, force est de constater, Ă lâexpĂ©rience de plusieurs milliers dâacteurs locaux que nous devons franchir un triple mur humain, technique et financier. Â
EtalĂ©e sur une quinzaine dâannĂ©es, ces expĂ©riences locales amĂšnent au temps des solutions. La rĂ©ponse apportĂ©e dans notre proposition est organisĂ©e en sâappuyant sur cet acquit.
La stratégie proposée, pragmatique, tient en quatre mots « Compter carbone et agir »[2].
- Compter Carbone
- Un outil et une méthode pour connaßtre ses émissions territoriales.
La commune est le plus petit Ă©chelon dans lequel des donnĂ©es publiques territoriales existent. Elle est aussi le lieu historique de communautĂ©s de citoyens. Câest Ă cette Ă©chelle de territoire que nous devons donc connaĂźtre nos Ă©missions, facilement, gratuitement.
Avec mon expĂ©rience de directeur de la stratĂ©gie et du dĂ©veloppement Ăle-de-France, cĂŽtĂ© ministĂšre, jâai donc construit un tableur carbone Ă la commune, outil de lâassociation Agirlocal, dĂ©sormais.
Il permet de territorialiser, de la commune Ă la rĂ©gion, les donnĂ©es de lâempreinte carbone nationales, donnĂ©es territoriales plus celles de la balance carbone des importations et exportations donc ; gratuitement, en moins dâune heure.
Cette évaluation globale et sectorielle est suffisante pour sélectionner à la commune les projets les plus efficaces et écarter les projets de décoration écologique.
Ainsi, pour comparer des projets entre eux et choisir dâabord les plus efficaces, les plus faciles, les moins chers et ce, au vu des moyens humains et financiers sur un territoire donnĂ©, il est possible dâĂ©valuer leur efficacitĂ© locale en % de rĂ©duction de lâempreinte locale. Le dĂ©nominateur est fourni par le tableur, le projet, au numĂ©rateur, est forcĂ©ment calculĂ© par le porteur de projet.
Avec lâutilisation de lâindicateur KgCO2e rĂ©duits Ă lâeuro investi ou dĂ©pensĂ©, ces Ă©valuations ainsi outillĂ©es contribuent alors Ă crĂ©er un consensus local sur le choix des solutions Ă privilĂ©gier.
Ce qui favorise la constitution de communautĂ©s de projets dans un projet de territoire global. Ce dernier point est clĂ© vu dâune autoritĂ© locale dĂ©terminĂ©e Ă faire sa part en responsabilitĂ©, non seulement en travaillant ses activitĂ©s propres mais aussi en dynamisant les actions locales, tous acteurs et secteurs dâĂ©missions confondus.
NĂ©anmoins, au vu de 15 ans dâexpĂ©riences locales, il nâexiste pas de pĂ©rimĂštre idĂ©al pour les projets efficaces : ceux des efficacitĂ©s Ă©nergĂ©tiques ne sont pas ceux des productions dâĂ©nergies renouvelable ni des mobilitĂ©s ; les affinitĂ©s de coĂŻncident pas non plus avec les pĂ©rimĂštres administratifs.
Additionnable Ă lâintercommunalitĂ©, le dĂ©partement, la rĂ©gion, lâoutil sâadapte aux diffĂ©rentes configurations : les acteurs des territoires communaux peuvent se rassembler au-delĂ des pĂ©rimĂštres administratifs : une partie de telle intercommunalitĂ© avec telle autre ; un Parc naturel rĂ©gional Ă cheval sur deux dĂ©partementsâŠ
Ce qui permet aux citoyens, entreprises et Ă©lus locaux de sâinvestir dans une grande variĂ©tĂ© de configurations territoriales, en bouclant toujours sur les Ă©missions nationales.
LâintĂ©rĂȘt de ce premier outil est de permettre de « Penser local pour agir global », ce qui pose un cadre et une perspective locale pragmatique pour atteindre les objectifs nationaux et europĂ©ens.
Cet outil a une autre caractĂ©ristique : il peut facilement ĂȘtre reproduit Ă lâĂ©chelle europĂ©enne.
En effet il peut ĂȘtre reproduit en tout ou partie si chaque pays dispose non seulement de son empreinte territoriale nationale par secteurs dâĂ©missions mais aussi de sa balance carbone importations-exportations ; avec 3 donnĂ©es a priori classiques : la population, lâemploi et le revenu mĂ©dian des rĂ©sidents des communes.
Sur ce volet clé notre proposition consiste à tester la faisabilité de cette reproduction européenne du tableur carbone à la commune sur un territoire démonstrateur par pays du consortium, de la commune à la région donc.
Les trois secteurs dâĂ©missions de la proposition sont alors couverts : efficacitĂ© Ă©nergĂ©tique, mobilitĂ©s et Ă©nergies renouvelables, le tout dans une empreinte locale globale.
Les choix des collectivitĂ©s territoriales ainsi posĂ©s dans leur cadre global, il est nĂ©cessaire de faire un zoom sur les donnĂ©es directement opĂ©rationnelles et motivantes pour la constitution de « communautĂ©s dâĂ©nergies renouvelables ».
- Lâidentification de donnĂ©es directement opĂ©rationnelles, motivantes et leur accĂšs :
Une dĂ©marche a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©e en Ăle-de-France par une direction rĂ©gionale (alors nommĂ©e de lâĂ©quipement et de lâamĂ©nagement) du ministĂšre en charge de lâĂ©cologie sous la dĂ©nomination @d amĂ©nagement durable. Visant Ă mettre en mouvement les acteurs locaux, elle a Ă©tĂ© validĂ©e par lâassociation des maires Ăle-de-France, puis gĂ©nĂ©ralisĂ©e Ă lâAFNOR, lâorganisme de normalisation français.
Elle est issue de la transposition aux territoires de la dĂ©marche des grandes entreprises : enjeux/stratĂ©gie/lignes dâactions/indicateurs de rĂ©sultat. Le maire y tient la place du PDG mais la dĂ©marche tient compte du fait quâil nâa pas autoritĂ© hiĂ©rarchique sur les acteurs locaux, hors son administration. Son cĆur se prĂ©sente sous la forme dâun double tableau de bord territoire-projet.
- Les enjeux sont ceux identifiĂ©s lors de la dĂ©marche nationale dite Grenelle de lâenvironnement.
- La stratĂ©gie « compter carbone et agir », les lignes dâaction et indicateurs, en nombre raisonnĂ©s pour ĂȘtre accessibles au plus grand nombre, ont Ă©tĂ© Ă©laborĂ©s par plusieurs dizaines de techniciens se concertant avec des centaines dâacteurs locaux, Ă©lus, entrepreneurs, associations, citoyens, et ce durant un an.
La généralisation à la France a été ultérieurement conduite par 80 acteurs locaux durant un an.
Deux indicateurs sont directement opérationnels pour la présente proposition : les kWhep/m2 des bùtiments et le pourcentage de circulations douces et en transport en commun domicile-travail, sur le total des déplacements. :
Le premier a amenĂ© Ă construire deux solutions en Ăle-de-France,
- Le chauffage urbain aux Ă©nergies renouvelables et de rĂ©cupĂ©ration dans une communautĂ© dite de la gouvernance Ă 5 : Etat, Ă©lus locaux, entreprises, syndicats et associations. LancĂ©e depuis 2 directions Ăle-de-France du ministĂšre (aujourdâhui rĂ©unies). Co-prĂ©sidĂ©e par le PrĂ©fet de RĂ©gion et le PrĂ©sident de RĂ©gion, cette solution a Ă©tĂ© portĂ©e au national par le ministĂšre. Le gisement est de 4% de rĂ©duction de lâempreinte carbone nationale si elle est gĂ©nĂ©ralisĂ©e.
- La rĂ©novation Ă©nergĂ©tique du Valmoutier, opĂ©ration dâefficacitĂ© Ă©nergĂ©tique lancĂ©e depuis la direction rĂ©gionale et menĂ©e par un groupe de propriĂ©taires (deux douzaines au dĂ©part, une douzaine au bout compte-tenu des obstacles rencontrĂ©s), avec la communautĂ© dâagglomĂ©ration de Cergy-Pontoise. Le gisement est dâun peu moins de 2% de rĂ©duction.
Le second a conduit Ă la construction⊠dâun projet Tiers-lieux sur les gares, dĂ©veloppĂ© depuis la SNCF, avec la crĂ©ation dâun club dâentreprise utilisatrice. Il illustre le fait que le meilleur besoin est celui que nâon nâa pas Ă satisfaire. Un premier dĂ©veloppement grandeur nature a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© Ă Brunoy (Essonnes). Le Covid sâest chargĂ© de faire connaĂźtre ce type de solutions. Son potentiel est de lâordre de 1% de rĂ©duction.
Deux autres indicateurs sont clés pour les autorités locales : les émissions de CO2e/population plus emploi et les émissions de CO2 générées pour décarboner le métabolisme des territoires.
- Le premier est fourni par le tableur carbone Ă la commune, avec lâespace dâengagement de ces autoritĂ©s quâil ouvre par la question : en quoi ma commune est diffĂ©rente de la moyenne nationale ?
- Les donnĂ©es nĂ©cessaires de lâautre sont directement dans leurs mains mais doivent ĂȘtre traduites en Ă©missions de CO2e, voir le paragraphe ci-aprĂšs.
Les données de base identifiées, à rendre facilement accessibles (ou calculables pour le dernier) au plan communal sont alors les suivantes :
- KWh final/ m2 de bĂątiments /an, kWh-Ă©nergie primaire/ m2 de bĂątiments /an et par sources dâĂ©nergies utilisĂ©es, Ă©missions de CO2e associĂ©es.
- Distances et modes de déplacements domicile-travail et autres motifs (en semaine et en week-end ou vacances), par type de véhicule, aviation incluse et émissions associées
- Emissions de CO2e du territoire communal, en responsabilité, donc territoriales et balance carbone, et division par population plus emploi.
- Calcul des Ă©missions de CO2e par projet dâamĂ©nagement territorial et de son cout global
LâaccĂšs Ă ces donnĂ©es est dĂ©pendant des systĂšmes dâinformations existants dans chaque pays et de la possibilitĂ© dây accĂ©der.
- Le dĂ©veloppement de la solution Chauffage urbain aux Ă©nergies renouvelables et de rĂ©cupĂ©ration citĂ©e ci-avant a fait la dĂ©monstration, moyennant 18 mois de nĂ©gociations, adossĂ©es au ministĂšre, que cet accĂšs Ă des donnĂ©es considĂ©rĂ©es comme secret commercial pouvaient devenir publiques ; et mĂȘme que leurs dĂ©tenteurs pouvaient devenir des acteurs privĂ©s actifs de la mise en oeuvre de la solution ainsi construite.
- Le prĂ©sent appel europĂ©en devrait faciliter lâaccĂšs Ă certaines donnĂ©es sans passer par des dĂ©lais incompatibles avec le temps qui reste pour Ă©carter la menace climatique.
Sur ce volet clĂ©, notre proposition consiste Ă tester lâaccĂšs Ă ces donnĂ©es sur un territoire dĂ©monstrateur par pays du consortium. Si elles nâexistent pas ou sont cachĂ©es, de proposer une alternative.
La facilitation du calcul du dernier fait lâobjet de notre proposition de formation.
Ceci supposé fait, la plupart des autorités locales ne sont pour pas pour autant outillées pour évaluer les gisements locaux de réduction des émissions.
- Une mĂ©thode et des exemples pour Ă©valuer les gisements de rĂ©duction des Ă©missions : formation dans lâaction.
Peu de personnes savent compter carbone aussi facilement quâelles comptent en euros. Cela demande pourtant une « base de donnĂ©es » personnelle beaucoup moins importante que celle qui consiste Ă connaĂźtre le prix de centaines de produits et services en relation avec son budget.
De la maison Ă la rĂ©gion, la connaissance des gisements de rĂ©duction des Ă©missions, plus ou moins approximative et du type de solutions que lâon peut mettre en Ćuvre pour les rĂ©duire effectivement sont pourtant deux facteurs clĂ© de mise en mouvement, de prise de dĂ©cision des acteurs locaux, seuls et ensemble.
LâintĂ©rĂȘt du tableur carbone Ă la commune est de situer les ordres de grandeur mais aussi de fournir aux acteurs locaux un espace dâengagement : en quoi ma commune est diffĂ©rente de la moyenne nationale, avec quels projets inexploitĂ©s, rĂ©alisĂ©s ou en cours, Ă conduire ou conduits par qui ?
LâintĂ©rĂȘt pour des acteurs locaux dâavoir accĂšs Ă des solutions menĂ©es Ă bien par dâautres acteurs locaux est triple :
- Ils Ă©vitent de refaire les mĂȘmes erreurs et perdre du temps en repartant de zĂ©ro Ă chaque fois,
- Ils ont la certitude que la solution a été acceptée et donc acceptable.
- Ils disposent dâune Ă©valuation territoriale du gisement de rĂ©duction dâĂ©missions de la solution et donc dâun modĂšle de calcul pour leurs besoins propres.
Câest tout lâintĂ©rĂȘt du double volet Ă©ducation populaire-formation de notre proposition que dâen permettre la prise en main. Afin de rester pragmatique et directement opĂ©rationnelle, le support de formation sera montĂ© en situation, Ă partir dâĂ©tudes de cas,
- En sâappuyant sur lâengagement que permet lâoutil tableur carbone et des solutions abouties comme celles recueillies, Ă©valuĂ©es et partagĂ©es par Agirlocal sur le site www.agirlocal.org
- En reprenant les packages proposĂ©s pour en simuler la mise en Ćuvre.
- En mesurant systĂ©matiquement lâimpact des solutions sur un territoire donnĂ© et au national si elle est gĂ©nĂ©ralisĂ©e.
- En constituant progressivement un couple gisements-solutions par type de champs dâaction locale identifiĂ©[3].
- En organisant des partages de retours dâexpĂ©riences de sites pilotes.
Ceci supposĂ© fait, Ă lâexpĂ©rience locale, les outils et quelques solutions ne suffisent pas, les autoritĂ©s locales ont besoin de solutions mises en forme de projets, adaptables Ă leur contexte et reproductibles portĂ©es par une ingĂ©nierie publique tiers de confiance et/ou des entreprises privĂ©es.
- Agir : le temps des solutions.
- Un triple mur humain, technique et financier
De fait, la plupart des communes, des intercommunalitĂ©s et des acteurs locaux sont au pied dâun triple mur, humain, technique et financier, pour Ă©carter la menace climatique lĂ oĂč ils vivent, lĂ oĂč ils peuvent en dĂ©cider.
- Humain
Monter un projet demande un chef de projet aux connaissances nouvelles, et une coopération multi-acteurs, inhabituelle.
Pour le chef de projet :
Comptage carbone, mise en relation unitĂ©s dâĂ©nergies et CO2e, approches carbones par ordre de grandeur, psychologie et mode de fonctionnement dâacteurs locaux le plus souvent dĂ©munis,
Travail sur des champs nouveaux, lĂ oĂč se trouvent la plupart des gisements de rĂ©duction : hors silos, hors hiĂ©rarchies pyramidales, en coopĂ©ration multi-acteurs, avec des capacitĂ©s de communication et de pĂ©dagogie dans lâaction.
- Technique
Pour les acteurs locaux, le partage de projet demande de faire monter en compétence technique des acteurs inégalement sachants,
Ils le font volontiers Ă lâexpĂ©rience de projets menĂ©s Ă bien.
Leur donner les outils de leur prise de dĂ©cision est clé : technique, coĂ»t, dĂ©lais, financements pour les projets à mener en compte propre dans une dĂ©marche dâensemble (comme REV) ; pour dâautres, Ă mener ensemble : analyse locale des enjeux, acceptabilitĂ©, mises en relation, Ă©ducation populaire-formation et implication (comme la Cantine de Chadi).
- Financier
Il nâest pas nĂ©cessaire de dĂ©crire ici les dĂ©sĂ©quilibres multiples des crises qui nous assaillent, les incertitudes, les insĂ©curitĂ©s et la montĂ©e des extrĂȘmes qui en rĂ©sultent, ni leur croissance annoncĂ©e par les scientifiques.
Leur traduction locale se termine dans la mise au deuxiĂšme plan de lâurgence climatique lors des arbitrages (on est dĂ©bordĂ©s), dans lâinaction lors de la prise de dĂ©cision sur tel ou tel projet (on nâa pas les moyens financiers), dans le confort tout relatif du dĂ©ni (lâhumanitĂ© a toujours su sâadapter).
Lâargument dâun financement possible reste nĂ©anmoins le premier levier pour contrer cette situation. Câest tout le jeu des pouvoirs publics de la commune Ă lâEurope avec les conflits de vision et de dĂ©cisions de financements qui en rĂ©sultent.
Pour autant, la plupart des solutions ont un retour sur investissement. Sauf que le temps de retour est long, trop long pour les mĂ©nages ĂągĂ©s ou conduit Ă un endettement inacceptable, chez les jeunes mĂ©nages, les entrepreneurs, les communes. Le taux dâintĂ©rĂȘt est la variable clĂ©. Ce qui conduit soit au tiers financeur, soit au financement Ă taux zĂ©ro des projets de rĂ©duction efficace des Ă©missions de CO2e, institutionnalisĂ© ou les deux ; Cf ci-aprĂšs.
Face à ce triple mur, il est nécessaire de trouver un chemin pragmatique.
Un besoin de recueillir, évaluer et partager des solutions locales efficaces, de la maison à la région et de faciliter leur adaptation-reproduction.
A dĂ©faut dâune solution miracle, la mise en mouvement des acteurs locaux fait entrer dans lâobjectif de rĂ©duction massive des gaz Ă effet de serre les dĂ©cisions de centaines de millions dâentre-eux. Ce qui est une condition incontournable, sâagissant dâun changement des modes de vie qui ne saurait ĂȘtre imposĂ© par le haut. Cette mise en mouvement est dâautant plus efficace quâelle est articulĂ©e avec les niveaux nationaux, europĂ©ens et internationaux.
Un recueil outillé de solutions efficaces, de la maison à la région
Il se trouve que des acteurs locaux ont rĂ©ussi un peu partout Ă franchir ce triple mur sur tel ou tel projet, de la maison Ă la rĂ©gion. Et trouver donc des solutions abouties mais sont invisibles ou noyĂ©es sous un dĂ©luge dâinformations Ă©phĂ©mĂšres.
Agirlocal a donc dĂ©cidĂ© de recueillir, Ă©valuer et partager ces solutions locales efficaces, menĂ©es Ă bien par dâautres acteurs locaux, quâelles soient invisibles ou partagĂ©es par une minoritĂ© dâacteurs.
Le partage est clé : au niveau communal, il est non seulement difficile de sây retrouver dans les milliers de solutions affichĂ©es sur les sites institutionnels ou privĂ©s (1000 solutions pourâŠ) mais que de surcroit les estimations dâefficacitĂ© ne sont pas ou peu prĂ©sentes. Lâanecdotique y cĂŽtoie lâefficace et le trĂšs efficace.
Ce qui a conduit dâabord Ă clarifier les champs dâaction locale : nourriture-agriculture/ dĂ©placements/bĂątiments/ Ă©nergies pour les secteurs qui peuvent massivement rĂ©duire leurs Ă©missions par des actions et projets locaux ; biodiversitĂ© qui stocke moins mais est surtout notre assurance-vie et Ă©ducation populaire-formation sans laquelle rien ne peut ĂȘtre fait de nouveau au plan local.
Et Ă Ă©tablir une double rĂšgle dâefficacitĂ© pour le recueil de solutions : 1% de rĂ©duction de lâempreinte carbone locale si la solution est gĂ©nĂ©ralisĂ©e localement, 1% de rĂ©duction de lâempreinte carbone nationale si la solution est gĂ©nĂ©ralisĂ©e Ă ce niveau.
Tout en conservant dans les champs biodiversitĂ© et Ă©ducation populaire-formation dâautres critĂšres : lâefficacitĂ© sur la richesse des milieux pour le premier et la formation dans lâaction pour le second.
Mais Ă©galement Ă viser un nombre de solutions raisonnĂ© pour partager les plus efficaces dans chaque champ, en lâoccurrence une cinquantaine. Ce qui reste lisible en intĂ©gralitĂ© avec une note dâune vingtaine de lignes par solution (au coin du feu ou au soleil).
18 mois aprĂšs sa crĂ©ation, Agirlocal a recueilli une trentaine de solutions dont 9 permettraient de rĂ©duire de 20 % lâempreinte carbone française si elles Ă©taient gĂ©nĂ©ralisĂ©es. Cette liste et le contenu des solutions ont vocation Ă ĂȘtre Ă©volutifs.
Une mise en forme facilitant leur adaptation-reproduction sur les territoires
Un financement par la Banque des Territoires a permis dâaccĂ©lĂ©rer une mise en forme facilitant lâadaptation-reproduction dâune dizaine dâentre-elles :
A lâintention du dĂ©cideur en manque de temps, la premiĂšre page de chacune de ces 10 notes « Adapter-Reproduire » prĂ©sente un rĂ©sumĂ© de la solution en quelques lignes et au verso pourquoi il y a intĂ©rĂȘt local Ă la reproduire.
A lâintention des porteurs potentiels, les pages suivantes sont rĂ©digĂ©es pour donner une visibilitĂ© et prĂ©parer le lancement de la reproduction mĂ©thodique. Elles dĂ©crivent son montage et ses pĂ©ripĂ©ties puis rĂ©pond Ă : par oĂč commencer, avec qui, quels moyens et quels documents clĂ©s, associĂ©s.
Ce paquet de solutions mises en forme « Adapter-Reproduire » est complĂ©tĂ© par une note dâensemble pour conjuguer localement les actions promises dans le mandat Ă©lectoral avec ces solutions locales efficaces venues dâailleurs.
Agirlocal procĂšde avec ses moyens Ă lâĂ©criture de la note « Adapter-Reproduire » de la Cantine de Chadi. Son cuisinier a dĂ©cidĂ© de faire une cuisine gouteuse, saine, locale, Ă©thique, bio et depuis quâil a rencontrĂ© Agirlocal, bas carbone. Pour mesurer lâintĂ©rĂȘt de la dĂ©marche, sur suggestion dâAgirlocal ce cuisinier a construit un tableur pour cuisinier professionnel permettant de calculer lâempreinte carbone des menus, en 10 minutes. Ce tableur, encore Ă finaliser, sera partagĂ© sur le site www.agirlocal.org
Cergy-Pontoise, un territoire démonstrateur
Au moment du prĂ©sent appel europĂ©en et Ă la demande du maire de Jouy le Moutier, (Vice-prĂ©sident amĂ©nagement durable de Cergy-Pontoise et prĂ©sident de la SPL Cergy-Pontoise amĂ©nagement) et participant Ă cette rĂ©ponse, Agirlocal a Ă©laborĂ© une proposition pour amorcer la conjugaison territoire dâici- solutions venues dâailleurs. LâidĂ©e, Ă©largie aux communes voisines membres dâAgirlocal, est dâamorcer une dynamique locale avec peu de moyens au dĂ©part, Ă partir de sujets qui motivent les acteurs locaux et dâengranger progressivement des communautĂ©s de projet.
La proposition compte dâune part un projet dâĂ©ducation populaire-formation « compter carbone », construite avec les deux Ă©co-lycĂ©es mobilisables et dâautre part lâadaptation-reproduction dâune solution, la cantine de Chadi, le tout dans le cadre dâune Ă©tude action visant Ă transposer une solution dĂ©veloppĂ©e Ă La Rochelle, la coopĂ©rative carbone, adossĂ©e au label bas carbone national et aux certificats dâĂ©nergie[4].
La prĂ©sente rĂ©ponse serait donc un deuxiĂšme volet de cette conjugaison territoire-solutions abouties. Elle a le mĂ©rite de dynamiser les actions en cours dâEnergie Sprong, projet europĂ©en, mais aussi dâouvrir un champ dâaction au dĂ©veloppement du photovoltaĂŻque sur une zone dâactivitĂ© de 25 000 emplois, un temps la plus grande dâEurope.
Lâensemble de cette dĂ©marche a fait dire Ă la maire de VaurĂ©al, membre fondateur dâAgirlocal, lors dâun jury : « si quelquâun qui nâa pas participĂ© Ă nos travaux nous entendait, il se demanderait bien de quoi on parle ». Ce qui pointe la question de lâattrait des solutions et des institutions qui les portent, de leur dĂ©sirabilitĂ©.
Désirables
La prĂ©sente section nâest pas une proposition du consortium mais une demande dâAgirlocal adressĂ©e Ă lâEurope par destination et aux pouvoirs publics nationaux par cohĂ©rence de propos.
Nous sommes pris de vitesse par le changement climatique : dans nos façons de vivre, nos connaissances, nos métiers, nos institutions, nos politiques, nos cultures. Ce qui nous force à trouver des raccourcis, à combler directement et pragmatiquement les manques, ce qui veut dire répondre aux besoins ressentis tout en réglant des problÚmes pendants, à chaque niveau de territoire.
Quâest-ce quâune collectivitĂ© dĂ©sirable ? une solution dĂ©sirable ? LâEurope et des Ă©tats dĂ©sirables ?
Les propositions ci-aprĂšs pointent des manques Ă combler pragmatiquement.
Comment rendre les actions des collectivités locales désirables ?
- Construction dâune vision locale partagĂ©e
Une vision locale partagĂ©e ne peut se construire que progressivement, dans lâaction.
Un signal peut ĂȘtre lancĂ© par une dĂ©claration de lâurgence climatique. Il touche les citoyens mais aussi les autres collectivitĂ©s territoriales.
Une mise en Ćuvre dĂ©monstrative peut se faire par la mise au premier rang de lâadjoint au maire en charge de la transition en charge de ces dĂ©veloppements, avec autoritĂ© en second sur lâadministration communale (quand il y en a une).
Ainsi que la crĂ©ation si ce nâest pas le cas dâun conseil du dĂ©veloppement durable. Câest un moyen dâorganiser une dynamique avec les forces vives locales, mises en relation.
Un diagnostic territorial mettant en regard les Ă©missions carbone et les programmes en cours a pour objet dâajuster Ă temps la trajectoire vers un territoire zĂ©ro carbone. Dâautant que tout nâest pas couteux financiĂšrement ; un diagnostic territorial Ă mener avec les forces vives.
Un numĂ©ro spĂ©cial du journal communal peut y ĂȘtre dĂ©diĂ©, accompagnĂ© des gisements de rĂ©duction identifiĂ©s, de lâintĂ©rĂȘt local de les exploiter et de leur impact national sâils sont gĂ©nĂ©ralisĂ©s.
Un engagement du type de celui lancĂ© sur Cergy-Pontoise « compter carbone et cantine de Chadi » marque alors la rĂ©alitĂ© de lâengagement.
Lâouverture sur des communautĂ©s de projet permet de rĂ©partir les tĂąches. Chaque commune peut contribuer dans la mesure de ses moyens Ă une ingĂ©nierie publique tiers de confiances. Cf §3 ci-aprĂšs
- Adaptation-reproduction de solutions faites par dâautres acteurs locaux
Le contexte propre Ă chaque territoire demande adaptation de la solution Ă son mĂ©tabolisme et ses acteurs. Avec lâoutillage et les solutions proposĂ©es la collectivitĂ© territoriale est armĂ©e pour faire cette adaptation, monter des projets dans une communautĂ© de projets dans laquelle elle est tantĂŽt chef de projet tantĂŽt membre de lâĂ©quipe projet mais toujours partie prenante co-responsable de sa bonne fin.
La note « compter carbone et cantine de Chadi » dĂ©taille un mode dâorganisation dans une collectivitĂ© territoriale oĂč la transition ainsi conçue ne fait pas lâunanimitĂ©.
- Une communication sur les outils et les solutions désirables :
Reste comme dans tout projet et en particulier de territoire ainsi constitué, à communiquer dÚs le lancement de ce qui va devenir le projet fédérateur du territoire.
Cette communication est essentielle pour rendre les citoyens, entrepreneurs, professeurs et élus locaux partie prenante de leur devenir dans le plaisir de vivre.
Comment rendre les solutions dĂ©sirables aux yeux des acteurs locaux ?Â
Attractives
- Convaincre est le seul moyen de dĂ©clencher des dĂ©cisions autonomes dâacteurs locaux attachĂ©s Ă leurs libertĂ©s. RĂ©pondre en particulier Ă lâangoisse climatique par des solutions concrĂštes qui ont fait leurs preuves est un moyen fondamental. La sortie est prise en main, collectivement et dâabord par nos Ă©lus en charge de nos biens communs. Poser le cadre, les outils et le type de solutions est un premier levier, adossĂ© Ă lâenvie dâune partie des acteurs locaux de jouer collectif comme dans les sports dâĂ©quipes.
- Cette prise en main a un moteur multi-attirant : Ă lâexpĂ©rience de plusieurs milliers dâacteurs locaux, ces 15 derniĂšres annĂ©es, rĂ©duire son empreinte carbone crĂ©e du pouvoir dâachat, du bien-ĂȘtre, crĂ©e de lâemploi prĂšs de chez soi, rĂ©duit les inĂ©galitĂ©s et, de façon inattendue, crĂ©e une nouvelle forme de dĂ©mocratie, dans lâaction. Ce qui demande dâĂȘtre dit et rĂ©pĂ©tĂ©.
- Chaque solution est une porte dâentrĂ©e dans cette communautĂ© dâacteurs locaux : de la nourriture-agriculture Ă lâĂ©nergie en passant par nos dĂ©placements, nos bĂątiments, la biodiversitĂ© et cette proposition dâĂ©ducation populaire-formation dans lâaction, Ă©clairante, Ă©mancipatrice, rassurante.
Reproductibles,
- Venues dâailleurs, les solutions doivent ĂȘtre souvent adaptĂ©es au contexte local, ce qui en permet lâappropriation. Une proposition de constitution de groupe de projet devient attractive par le fait de proposer une action concrĂšte et immĂ©diate, directement opĂ©rationnelle. Sâemparer dâune solution prĂ©-travaillĂ©e, ailleurs et en tirer le meilleur parti.
- La recherche de communautĂ© de projet est une deuxiĂšme Ă©lĂ©ment qui met en jeu les rĂ©seaux de relations des diffĂ©rents types dâacteurs locaux intĂ©ressĂ©s. Avec un effet boule de neige bienvenu.
Faisables
- Lâargument est de poids : sâils lâont fait ailleurs, pourquoi pas nous ? Toutes les objections qui relĂšvent des diffĂ©rentes formes de dĂ©ni se heurtent Ă cette rĂ©alité : Il s lâont fait et en plus ils nous disent comment. Vous feriez mieux de vous demander comment amĂ©liorer la solution et sur quoi plutĂŽt que de rechercher toutes les raisons de ne rien faire.
- Et sâils ont rĂ©ussi câest que cette solution est acceptable.
FinançablesÂ
- Pas de chance, ces solutions ont trouvĂ© un financement. Oui mais Ils avaient de lâargent ou ils ont eu des subventions ou lâinflation ou les taux dâintĂ©rĂȘts Ă©taient plus bas ou le Covid ou la guerre en Ukraine ou le prochain budget ou lâendettement ou, ou, ou âŠ
La liste des « plus tard » est sans fin.
Sauf que le temps est la seule pĂ©nurie qui nous guette : il reste une dizaine dâannĂ©es avant le dĂ©clenchement des 2°C. Ce qui demande de sây mettre vite et efficacement. La question nâest pas ce nâest pas finançable, il lâa Ă©tĂ©, mais comment allons-nous faire pour le financer ?
- Les projets sont dâautant plus finançables quâils ont une rentabilitĂ©. Ce qui change avec les taux dâintĂ©rĂȘts câest la durĂ©e de remboursement, aussi longtemps que les Ă©conomies rĂ©sultantes sont supĂ©rieures aux remboursements des intĂ©rĂȘts. Mais la meilleure communication serait le prĂȘt Ă taux zĂ©ro pour ce type de projets ; voir ci-aprĂšs.
- Certains projets peuvent trouver un tiers investisseur : un terrain ou un toit pour du photovoltaĂźque, Energie Sprong pour de lâefficacitĂ© Ă©nergĂ©tique ; ou des loueurs pour une Ă©conomie dite fonctionnelle : voitures en autopartage, outillages ou tiers lieuxâŠ
- Et si lâimagination manque, il reste un joker : un changement de comportement peut faire Ă©conomiser 10 Ă 20 % dâun type dâactivité : lâĂ©co-conduite pour la voiture ou le pull pour le bĂątiment. Avec cet argent on peut alors dĂ©gager de quoi amener un minimum de fonds propres, emprunter et dĂ©gager une capacitĂ© dâautofinancement en boule de neige.
Cette double communication des collectivitĂ©s territoriales pour se rendre dĂ©sirables et des chefs de projets porteurs de solution pour les rendre dĂ©sirables, met Ă jour des manques du niveau des Etats et de lâEurope. Et renvoie du dĂ©sirable local Ă la question : comment booster lâefficacitĂ© de lâaction locale et ainsi rendre Etats et Europe dĂ©sirables ?
Comment rendre lâEurope et les Ă©tats dĂ©sirables ?
 Les données utiles pour y voir clair et prendre des décisions à bon escient,
On a vu les donnĂ©es manquantes pour « agirlocal, penser global ». Lorsque les donnĂ©es existent, elles sont Ă©parpillĂ©es dans un nombre invraisemblable de sites, plus ou moins bavards, rĂ©digĂ©s dans une langue plus ou moins technocratique, sans stratĂ©gie dâensemble ni considĂ©ration pour les capacitĂ©s techniques, financiĂšres et la disponibilitĂ© de ceux qui pourraient les utiliser. Les donnĂ©es partielles ne font que rarement rĂ©fĂ©rence au nombre total quâelles reprĂ©sentent, au national entre autres.
Les donnĂ©es Ă©nergies, m2, dĂ©placements, carbone, (par exemple) nây sont pas prĂ©sentĂ©es, les hĂŽtels 5 Ă©toiles, si.
La présente proposition a pour objet de commencer à combler certains manques mais répondre complétement à la question est évidemment hors de sa portée.
LâEurope, les Ă©tats et par consĂ©quent les collectivitĂ©s territoriales de la commune Ă la rĂ©gion ont chacune une part du travail Ă opĂ©rer, par approches successives, ce qui les rendraient dĂ©sirables.
Un site dĂ©diĂ©, simple, de lâEurope Ă la commune
Le site de lâInsee est un modĂšle de simplicitĂ© mais Ă lâaccĂšs confidentiel pour les « dossiers complets » qui prĂ©sentent une sĂ©rie de donnĂ©es utiles, de la commune Ă rĂ©gion. LâintitulĂ© mĂȘme de cette partie du site mĂ©riterait une sĂ©rie de noms associĂ©s qui y mĂšnent directement comme par exemple « ma commune » ou « émissions de ma commune ».
Un nom gĂ©nĂ©rique parlant et un site dĂ©clinĂ© de lâEurope Ă la commune serait trĂšs prĂ©cieux. Du type « donnĂ©es-agirlocal-climat » suivi de Europe Ă commune. Et un accĂšs par phrases en langage ordinaire du type « OĂč trouver les Ă©missions de ma commune ? »
Le premier pas de notre proposition est la gĂ©nĂ©ralisation Ă lâEurope du tableur Ă la commune assorti des essais plus complets sur les territoires dĂ©monstrateurs.
Un recueil de solutions, évaluées et partagées, en nombre raisonné
LâintĂ©rĂȘt est de prendre en charge, en tant quâEtat, dĂ©tenteur de la lĂ©gitimitĂ© des donnĂ©es publiques, associĂ© aux acteurs locaux, ce que fait Agirlocal avec des moyens de bĂ©nĂ©voles : un recueil de solutions, Ă©valuĂ©es et partagĂ©es, en nombre raisonnĂ©. Le jury est le lieu de la dĂ©cision de retenir et partager une solution. Pour Ă©viter tout conflit dâintĂ©rĂȘt, il devrait ĂȘtre constituĂ© en majoritĂ© dâacteurs locaux indĂ©pendants des institutions de toutes sortes Ă vocation Ă©conomique. Il est prĂ©parĂ© par des commissions techniques.
Une mise en Ćuvre accompagnĂ©e par une ingĂ©nierie publique, tiers de confianceÂ
Lâinvention dâune ingĂ©nierie publique, tiers de confiance a pour objet dâaider les habitants, les petites entreprises, les Ă©lus locaux Ă construire ensemble des projets dont la technicitĂ© et les 6 Ă©tages de gouvernements, de la commune Ă lâEurope, font obstacle.
Cette ingĂ©nierie publique a vocation Ă caler des donnĂ©es, rechercher des solutions, tenir Ă jour lâĂ©volution des solutions et travailler en mode coopĂ©ration avec les acteurs publics et privĂ©s. Câest elle qui met en forme reproductible les solutions efficaces partagĂ©es.
De quoi faciliter le montage des projets, les rendre robustes, les rĂ©aliser avec les bureaux dâĂ©tude et les entreprises et rĂ©duire leur temps de montage et de rĂ©alisation, câest vital.
Elle existe cette ingĂ©nierie publique, tiers de confiance mais elle est elle aussi Ă©parpillĂ©e dans les diffĂ©rents Ă©chelons publics territoriaux, les Ă©tablissements dâenseignement mais aussi pragmatiquement dans les solutions locales menĂ©es Ă bien qui en contiennent toutes une graine et sont incarnĂ©es dans leur porteur de projet.
Lâassemblage des morceaux Ă©parpillĂ©s Ă lâĂ©chelle territoriale du dĂ©partement ou son Ă©quivalent est de nature Ă la constituer Ă moindre coĂ»t dans une relative proximitĂ© mais aussi une neutralitĂ© politique de fait, tout en institutionnalisant tant la coopĂ©ration nĂ©cessaire pour contrer la menace climatique que pour partager une vision sociale et Ă©conomique des territoires.
Un financement à taux zéro des projets efficaces pour contrer la menace climatique
Cette proposition nâest pas le produit de lâinflation rĂ©cente mais celui dâun constat empirique : il est impossible de financer les projets de transition efficaces dans les modes de financements actuels alors que beaucoup dâentre eux sont rentables mais avec un taux de retour sur investissement trop long en regard des incertitudes actuelles. Câest en particulier le cas pour les bĂątiments, pas seulement.
Lâobjectif est donc de financer les solutions efficaces avec un temps de retour sur investissement qui ne soit pas contraint par les intĂ©rĂȘts Ă rembourser, qualitĂ© dĂ©terminante dans notre Ă©conomie de marchĂ©.
Un prĂȘt Ă taux zĂ©ro pour financer ces solutions permet de nâavoir Ă rĂ©gler que les frais de dossier et dâassurance ce qui les fait rentrer massivement dans le circuit Ă©conomique.
Un prĂȘt Ă taux zĂ©ro permet de lever lâobstacle du parcours du combattant pour obtenir un prĂȘt. Son volet social est Ă©vident, dâautant plus quâil gĂ©nĂšre des tiers payeurs Ă mĂȘme de porter les remboursements dans la durĂ©e.
A budget donnĂ©, lâeffet de levier pour lâEurope est considĂ©rable. Elle se rend instantanĂ©ment dĂ©sirable.
      Annexe                           20220906
Agirlocal
Proposition de mise en Ćuvre sur notre territoire
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Quelles solutions recueillies par Agirlocal sont-elles les plus adaptĂ©es et efficaces Ă mettre en Ćuvre sur notre territoire, pour commencer Ă conjuguer actions en cours et solutions dâautres acteurs locaux ?
La stratégie proposée par Agirlocal est simple à énoncer : « compter carbone et agir »
Ci-aprĂšs deux initiatives sont proposĂ©es (compter carbone/agir), une dynamique et un dĂ©but dâorganisation esquissĂ©s. Si cette approche est validĂ©e, elle sera portĂ©e sur la boite Ă outils dâAgirlocal.
1-Compter carbone
Compter carbone, nous allons commencer à le faire à la rentrée, avec la tentative de reproduction de la coopérative carbone de La Rochelle, depuis Agirlocal (élus, ESSEC, CY-Université, citoyens), à titre de démonstrateur.
Cela ne suffira Ă©videmment pas ; lâĂ©ducation populaire formation est incontournable : pour qui ? Comment ? Avec qui ? Quoi ?
Initiative proposĂ©e : nous pouvons essayer dâamorcer cette action avec les deux lycĂ©es de lâHautil, professeurs et Ă©lĂšves : monter une premiĂšre formation, trĂšs simple, fondĂ©e sur les mots courants utiles (AtmosphĂšre, gaz Ă effet de serre, carbone, ppm, un siĂšcle, tonnes de CO2Ă©quivalent, degrĂ©s de rĂ©chauffement, urgence), les Ă©missions de la commune telles que calculĂ©es avec le tableur carbone Ă la commune dâAgirlocal et les 7 chiffres qui permettent de commencer Ă compter carbone au quotidien, comme on compte en euros ; avec des travaux pratiques : comment compter les Ă©missions de sa voiture, comment compter les Ă©missions de son logement.
Et pour montrer en quoi compter carbone permet de ne pas se disperser, Ă partir des Ă©missions calculĂ©es, voiture et logement, on peut aller sur lâĂ©co-conduite, le vĂ©lo Ă©lectrique, le tableau des actions zĂ©ro gaz russe et les repas bas carbone.
Et bien sĂ»r beaucoup Ă©changer ; tester cette formation avec dâautres professeurs et Ă©lĂšves ; Puis lancer un appel Ă volontaires et faire une premiĂšre formation grand public sur le test mis au point ; en commençant par les Ă©lus et des fonctionnaires municipaux ?
2-Agir, quelle initiative ?
Premier message : dâautres acteurs locaux ont menĂ© Ă bien des projets, fait la preuve projet par projet que la solution construite Ă©tait efficace. Nous pouvons utiliser ces solutions pour choisir ce qui nous paraĂźt le plus facile, le moins cher et Ă©videmment le plus efficace, grĂące au comptage carbone.
DeuxiĂšme message : nous ne sommes pas obligĂ©s de rester seuls ; nous pouvons aller chercher dâautres acteurs locaux hors de nos communes et coopĂ©rer pour se partager le travail.
TroisiĂšme message : câest tout lâintĂ©rĂȘt dâAgirlocal et de son site www.agirlocal.org dâavoir prĂ©parĂ© le terrain en recueillant, Ă©valuant et partageant des solutions Ă©prouvĂ©es, menĂ©es Ă bien par des acteurs locaux et donc acceptables, rĂ©alistes.
Ceci posĂ©, la solution la plus efficace recueillie par Agirlocal porte sur la nourriture (33% des Ă©missions de GES, de la fourche Ă la poubelle) ; en lâoccurrence, la cantine de Chadi.
IntĂ©rĂȘt supplĂ©mentaire : outre lâappel dâoffre restauration scolaire en groupement de commande (en cours), les lycĂ©es peuvent en ĂȘtre, la ferme dâEcancourt, des agriculteurs ainsi que lâESSEC et Neuville.
DĂ©ployĂ© au sein des familles, en interaction avec elles, ce savoir-faire peut rĂ©duire drastiquement nos Ă©missions, faire gagner du pouvoir dâachat, du bien-ĂȘtre, crĂ©er une dynamique favorable Ă lâemploi, rĂ©ductrice de pauvretĂ©. Cerise sur le gĂąteau, elle introduit une nouvelle forme de dĂ©mocratie dans lâaction.
Cette solution permet dâintroduire la notion de gisement de rĂ©duction des Ă©missions de GES, localement, au national.
Et de repartir sur dâautres solutions recueillies par Agirlocal, pour leur gisement de rĂ©duction local et national : par exemple Energie Sprong et REV pour le bĂątiment, tiers lieux et vĂ©lo pour les dĂ©placements, photovoltaĂŻque pour lâĂ©nergie.
Sans oublier la biodiversitĂ© qui peut stocker du carbone mais surtout constitue notre assurance vie, entre en interaction avec la nourriture. Elle a fait lâobjet dâun travail dĂ©monstrateur Ă Maurecourt qui peut ĂȘtre facilement rĂ©utilisĂ©, augmentĂ© avec lâindicateur Biomos dĂ©crit sur www.agirlocal.org et la solution forĂȘt Miyawaki mais aussi plus ambitieuse, Nutreets.
Ce simple dĂ©but dâĂ©noncĂ© montre tout lâintĂ©rĂȘt de coopĂ©rer pour se rĂ©partir les tĂąches Ă plusieurs territoires.
A partir de là , la vision partagée qui commence à se construire permet de renverser le mode de faire en évaluant systématiquement les gisements de réduction de GES et la part que peuvent prendre les solutions pour les exploiter, comme on exploite une mine.
3-Quelles organisation et ressources humaines ? Esquisse.
- La dĂ©signation dâun-e chef-fe de projet par commune est incontournable. Sous lâautoritĂ© directe du DGS, sa raison dâĂȘtre est de mettre en relation, dynamiser et coordonner les acteurs locaux pour que les projets aboutissent quels que soient leur pĂ©rimĂštre. Il-elle sait ou apprend Ă compter carbone.
- Un-e chef-fe de projet par solution est tout aussi incontournable. Pour commencer sur chacune des deux initiatives proposées. Sachant compter carbone. Chacun(e) étant en tandem avec un élu, dédié. Selon une organisation projet spécifique, dépendant du projet et de la communauté de projet.
- Un tableau de bord co-construit permet de suivre lâavancement du projet global, par commune et par projet spĂ©cifique ; il comptabilise la rĂ©duction effective des Ă©missions de Ges ; une comptabilitĂ© analytique permet dâisoler les investissements et leurs retours annuels, par projet et par commune.
- Un comitĂ© de dĂ©veloppement durable, habitant-entrepreneurs-Ă©lus, en mode projets, peut ainsi progressivement ĂȘtre constituĂ©, avec son pendant jeunes ; communal ou pluri-communal.
- La réunion des maires assure un pilotage global
4- lancement
Le lancement pourrait prendre la forme dâune dĂ©claration de lâurgence climatique en conseils municipaux et de la dĂ©cision de compter carbone pour agir, selon la dĂ©marche opĂ©rationnelle co-construite au sein dâAgirlocal.
Le site www.agrilocal.org et le livre-outil « Penser la menace climatique, le temps des solutions » la dĂ©veloppent ; un rĂ©sumĂ© Ă lâintention des dĂ©cideurs et le communiquĂ© de presse, la prĂ©sentent en 2 pages : https://agirlocal.org/recto-verso-resume-a-lintention-des-decideurs-livre-outil/
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                                                                                             Jean-Michel Vincent
[1] Constat de lâex directeur de la stratĂ©gie et du dĂ©veloppement durable Ăle-de-France, cĂŽtĂ© ministĂšre.
[2] Cf le livre-outil, court, « Penser la menace climatique, le temps des solutions » Ă©ditions de lâAube. Il a pour objet de permettre de construire localement une vision partagĂ©e.
[3] Agirlocal en a identifiĂ© 6, Ă portĂ©e dâactions locales : nourriture-agriculture, dĂ©placements, bĂątiments, Ă©nergies, biodiversitĂ© et Ă©ducation populaire-formation. Cf https://agirlocal.org/vitrine/
[4] Cf note jointe en annexe